2. Enjeux scientifiques et technologiques
- 1. Le terrain
- 2. Enjeux scientifiques et technologiques
- 3. Analyse
Cadres de l’action et modalisation des situations
Cadre artistique et cadre de « vie ordinaire» sont habituellement considérés comme distincts, sinon opposés. Cependant la distinction suppose leur étroite imbrication (jeux de renvois, articulations diverses à qualifier) : il y a de l’esthétique dans le quotidien et de l’ordinaire dans l’art. L’interrogation porte 1) sur la façon dont ces cadres sont rendus manifestes en situation, 2) sur les rapports que ces cadres entretiennent et 3) sur les modalités de passage d’un cadre à un autre, les modalités d’entrée et de rupture de cadre. On peut chercher les marques de tels cadres dans le travail de symbolisation opérée par le spectacle (expressions et mouvements corporels, rapport à l’espace, environnement sonore, système de notation chorégraphique). Les choix de cadrage, de zoom, de ralenti, etc., à l’œuvre dans le film de recherche attirent également l’attention sur certains éléments du cadre artistique. Ces choix manifestent notamment une compréhension de la situation, une compréhension des règles, des normes et des catégories, qui l’ont modelée et rendue intelligible pour les différents participants (danseuses, musiciens, spectateurs, chercheurs).
Modalités de coordination et d’apprentissage d’un nouveau langage chorégraphique
Les séquences extraites rendent visibles différents types d’ajustements des danseuses entre elles et avec la technique. Pour ce qui est des danseuses, l’ajustement peut se faire par l’échange de regards visant à la coordination des gestes, par la communication verbale de consignes, ou encore être médié par un système de signes, ceux de la partition chorégraphique lue et interprétée par chacune des danseuses. D’autres modalités sont à repérer, plus propres à l’ajustement homme / machines : ajustement des danseuses à l’espace qu’organisent les écrans d’affichage de la partition ; ajustement de la chorégraphe aux possibilités techniques des machines ; ajustement de l’ingénieur au dispositif technique utilisé pour la création ; interaction danse – composition musicale.
Apprentissage et erreur
Le film des répétitions et de la performance chorégraphique permet également un travail sur les notions d’apprentissage et d’erreur. Plusieurs situations d’erreur sont rendues visibles dans les différents films : erreur technique dans l’affichage des partitions ou le tirage au sort des actions, erreur dans l’interprétation des signes chorégraphiques, erreur dans l’anticipation des gestes, etc. On doit se poser la question de ce qui manifeste l’erreur pour celui qui filme / de la façon dont les membres manifestent qu’il y a une erreur, également des différents types d’erreurs rencontrés et des modalités de rattrapage des erreurs dans les cours d’action engagés.
Nouveaux regards sur la notion de « données» en sciences sociales
Nouveaux regards sur la notion de « données» en sciences sociales et en particulier l’apport du film à l’analyse des pratiques et interactions sociales.
Un des objectifs du projet consistait à développer un dispositif de captation vidéo performant pour l’enquête en sciences sociales. Les exigences posées ont été les suivantes : système de captation simple, facile à installer dans le plus grand nombre de situations (matériel léger, discret, monté sur batterie, sans câble, avec transmission Wifi, notamment), pilotable à distance, avec une très grande définition (images et flux) pour permettre un travail ultérieur non contraint (zoom, décomposition des séquences d’interaction, etc.). Les contraintes ou difficultés particulières attachées à ce terrain d’enquête obligeaient à une telle recherche technique, compte tenu 1) de la multiplicité des points de vue (deux danseuses, un ingénieur, un musicien, un compositeur, les spectateurs sur scène, plus une douzaine d’écrans aux affichages variés), 2) de l’absence d’informations préalables sur la disposition des différents acteurs et de l’absence d’informations sur les possibilités d’installation / de fixation du matériel d’enquête, 3) de l’exigence absolue de non perturbation de la performance artistique (invisibilité du matériel d’enquête sur scène, contrôle du matériel à distance, absence totale d’interférence avec le dispositif technique mise en place par l’artiste).
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