Colloque – «Goffman et l’ordre de l’interaction»

Mercredi 28, jeudi 29 et vendredi 30 janvier 2009 UPJV, Pôle cathédrale, Amphi Carré de Malberg (les 28 et 29) et Campus, Salle E110 (le 30).

Colloque organisé par le CURAPP Avec le soutien de la Faculté de Philosophie, Sciences Humaines et Sociales, du programme ASC (UPJV-UTC – Région Picardie) et de l’ANR

Responsables du projet : Laurent Perreau, Sandra Laugier, Daniel Cefaï

La question centrale de la sociologie d’Erving Goffman est celle de l’« ordre de l’interaction ». Son domaine d’enquête privilégié est ainsi constitué par les interactions sociales, ces moments de la vie sociale au cours desquels les individus se trouvent en face à face ou en coprésence et agissent les uns par rapport aux autres. Elle accorde de ce fait une attention particulière aux formes les plus ordinaires de la sociabilité : présentations de soi, civilités, conversations… et éduque le regard à des situations jusque là négligées par les sciences sociales.

L’observation, la description et l’analyse de ces interactions sociales doivent permettre de mettre au jour leurs conditions de possibilité, de rendre compte des formes qu’elles prennent, d’identifier les « règles » qui les gouvernent. Le pari sociologique de Goffman est ainsi de montrer comment l’ordre de l’interaction a une existence sui generis, qui ne peut être réduite à l’ombre portée de « structures sociales ». En accomplissant ce geste, Goffman a contribué à découvrir un nouveau continent à explorer.

Ce colloque se propose de revenir sur l’œuvre de Goffman en l’ouvrant à des lectures sociologiques, mais aussi historiques, linguistiques et philosophiques. Quelles sont les spécificités des approches goffmaniennes de la vie sociale ? À quelles difficultés se heurte-t-elle ? Comment, en somme, nous donne-t-elle à penser l’ordre de l’interaction et que nous dit-elle de l’ordre social ?

Axes de réflexion :

1. Filiations et confrontations

Afin de mieux cerner l’originalité de la démarche de Goffman, il pourra être utile de revenir sur les différents apports dont l’œuvre de Goffman a pu profiter : héritages de la tradition anthropologique et sociologique (Simmel, Durkheim, Radcliffe-Brown, Parsons, Warner et Hughes…), de la psychologie entendue au sens large (psychanalyse freudienne, George Herbert Mead), de l’éthologie, de la phénoménologie sociale ou encore de la linguistique pragmatique (Austin) et de l’ethnographie de la communication.

2. Penser l’interaction : concepts et métaphores

Pour penser l’interaction, Goffman produit une série de concepts originaux qui puisent à différents réseaux métaphoriques : métaphores théâtrales ou cinématographiques, du jeu, de la règle ou du rite. C’est sur cette production conceptuelle que l’on souhaiterait plus particulièrement revenir, afin d’éclairer l’unité et la diversité de l’œuvre. En revenant sur ces différentes stratégies mises en œuvre pour saisir diversement l’interaction, il s’agira de préciser le sens et la portée du situationnisme méthodologique de Goffman.

3. Analyses de situations : ethnographies morales et ethnographies de la communication

Goffman a beaucoup centré son propos, en particulier dans Les cadres de l’expérience et dans Façons de parler, sur des performances et des interactions verbales et a avancé des propositions originales en la matière avec des notions comme celles de framing ou de footing. Et aujourd’hui, son œuvre est réactivée par des recherches en ethnographie morale et en philosophie morale, qui redécouvrent la richesse de ses façons de décrire la moralité en situation et en interaction, et par des recherches en philosophie pragmatique du langage, qui l’associent à Austin dans une définition élargie de la pertinence. On explorera ces différentes modalités de situational analysis.

Mercredi 28/01/2008, après-midi : Arrière plans : affinités et transmissions Présidence : D. Cefaï

14H-14H30 Accueil des participants
14H30 –15H10 Albert Ogien  (CEMS/IMM-EHESS, CNRS) : « Les affinités pragmatiques : Goffman, l’héritage et l’esprit du pragmatisme »
15h10-15h50 Laurent Perreau (CURAPP, Université de Picardie Jules Verne) : « La définition des situations de Schütz à Goffman »
15h50-16h30 Philippe Vienne (CSE, Université Libre de Bruxelles): « Institutions bâtardes et institutions totales : Revisiter la relation intellectuelle Hughes-Goffman »
16h30-16h45 Pause
16h45-17h45 Keynote lecture : Yves Winkin (LAC, ENS-LSH de Lyon) et Greg Smith (University of Salford) : « Lloyd Warner: le premier mentor d’Erving Goffman à Chicago »


Jeudi 29/01/2008, matinée : Les métaphores de l’ordre : Présidence : F. Lebaron

09h30-10h10 Céline Bonicco (Nosophi, Université de Paris I) : « Métaphore théâtrale et théorie des jeux : des paradigmes individualistes ? »
10h10-10h50 Nathalie Zaccaï-Reyners (FNRS, Université Libre de Bruxelles) : « Métaphores dramaturgiques et expérience ludique »
10h50-11h05 Pause
11h05-11h45 Barbara Olszewska (COSTECH, Université de Technologie de Compiègne) : « L’approche cinématographique des “realms of being”, de Poudovkine à Goffman »
11h45-12h30 Natalie Rigaux et Jean Nizet (FUNDP, Université de Namur) : « Erving Goffman, un théoricien de la post-modernité ? »


Jeudi 29/01/2008, après-midi : Enjeux moraux Présidence : Y. Winkin

14h00-14h40 Carole Gayet-Viaud (CEMS-EHESS, ENSA Paris La Villette) : « Goffman ou le(s) paradoxe(s) de la ritualité civile. »
14h40-15h20 Patricia Paperman (GSPM-EHESS, Université de Paris VIII) : « Asiles ou comment décrire une institution humiliante»
15h20-16h00 Bernard Conein (GSPM-EHESS, Université de Nice-Sophia Antipolis) : « Le sens moral de la réparation »
16h00-16h15 Pause
16h15-17h15 Keynote lecture : Anne W. Rawls (Bentley University) : « Goffman and the Interaction Order »


Vendredi 30/01/2008, matinée : Présidence : M. de Fornel : Ordre et situation – Interaction formelle et cadre de l’expérience.

09h30-10h10 Bertrand Masquelier (Lacito, Université de Picardie Jules Verne) : « Comment s’excuser d’une fausse note : petite dramaturgie d’un événement musical un soir de décembre 1946, sur la scène du Town Hall de New York. »
10h10-10h50 Mathieu Berger (GPS, Université Libre de Bruxelles) : « L’épaisseur des situations chez Erving Goffman »
10h50-11h05 Pause
11h05-11h45 Sandra Laugier (CURAPP, Université de Picardie Jules Verne) : « 3 Austin et 3 Goffman »
11h45-12h30 Bruno Ambroise (CURAPP, CNRS) : « Des actes de parole à l’interaction discursive : l’apport de Goffman pour comprendre l’efficacité linguistique »


Vendredi 30/01/2008, après-midi : Interactions verbales et cadres de l’expérience (II) Présidence : F. Lebaron

14h00-14h40 Thierry Guilbert (CURAPP, Université de Picardie Jules Verne) : « La perception de Goffman par la linguistique pragmatique : l’exemple des cadres primaires »
14h40-15h20 Jeannine Richard-Zappella (CURAPP, Université de Picardie Jules Verne) : « Vulnérabilité des cadres ou vulnérabilité des sujets ? »
15h20-16h00 Michel de Fornel (LIAS-IMM, EHESS) : « Goffman et la condition de félicité »

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